Le Président Macron, le 1er Ministre Attal et la nouvelle ministre de l’Éducation nationale Oudé-Castera ont réaffirmé leur volonté, sous prétexte de « réarmer » le pays, de caporaliser l’Éducation nationale par une accentuation de l’autoritarisme.
Retour de la Marseillaise dans les écoles alors qu’elle fait partie des programmes depuis 38 ans, imposition de manuels scolaires et de progressions remettant en cause la liberté pédagogique des enseignant·es (les transformant en exécutant·es d’une pédagogie imposée par l’État), disparition du collège unique au profit d’un collège inique…
Et cerise sur le gâteau le « retour » de l’uniforme à l’École, rebaptisé « tenue unique », lui qui n’a jamais existé sauf dans les confettis de l’Empire. C’est en s’habillant toutes et tous pareil·les qu’on a le sentiment d’appartenance à une communauté? Non, ce sont les projets que l’on vit ensemble qui fédèrent, rassemblent et peuvent éventuellement rendre fier·e d’appartenir à un groupe (l’école, le club de sport,…).
Cette décision est présentée comme devant permettre de « lutter contre les inégalités sociales », de développer « le sentiment d’appartenance à la communauté nationale » ou encore de permettre « un retour à l’ordre et à la discipline ».
Nous ne sommes pas dupes de leurs discours grandiloquents sur la « lutte contre les inégalités sociales ». Ce sont avant tout les quartiers populaires qui sont visés par ces « expérimentations » et par l’ensemble du débat politique actuel autour de l’uniforme : il s’agit de discipliner les élèves et les habitant·es de ces quartiers, constamment suspecté·es de ne pas avoir de « sentiment d’appartenance à la communauté nationale » et de ne pas « respecter les valeurs de la République ». C’est un pas de plus dans une politique de stigmatisation profondément réactionnaire qui traite tout un pan de notre jeunesse comme une classe dangereuse.
Croire que l’uniforme va « lutter contre les inégalités sociales » est tout simplement ridicule. Pour lutter vraiment contre les inégalités sociales, il faut en réalité mener une politique sociale ambitieuse de renforcement et d’accompagnement des populations défavorisées. Être obligé·e de rappeler cette évidence montre l’étendue de la vacuité du débat politique aujourd’hui.
Enfin, l’argent gaspillé dans cette « expérimentation » devrait être utilisé de manière pertinente en améliorant par exemple l’encadrement des élèves par des professionnel·les ou en garantissant la gratuité de l’École. Le coût de cet uniforme représenterait à terme l’équivalent de 25.000 postes d’enseignant·es, de quoi régler le problème du remplacement cher à Mme la ministre.
Rappelons pour finir qu’il existe des outils efficaces pour lutter contre les inégalités : le premier d’entre eux est le Service public, garant de la cohésion sociale. L’urgence est donc d’investir massivement dans les Services publics, à commencer par celui de l’Éducation, plutôt que de les détruire à coup d’austérité, de privatisation et de mise en concurrence.